Un kayak en fibres de lin pour respecter l’environnement
Le lin s’invite dans la fabrication des bateaux de plaisance
Ses fibres naturelles ont attiré l’attention des constructeurs.
Pourquoi ?
Les bateaux en fin de vie représentent des déchets difficiles à éliminer. Ils contiennent souvent des plastiques et des matériaux composites de synthèse, ce qui rend leurs épaves polluantes.
Pour respecter davantage l’environnement, le lin constitue donc une matière alternative : les esquifs, une fois broyés, pourraient être biodégradables !
Deux constructeurs français se sont lancés dans l’aventure
En France, deux sociétés ont parié sur la fibre de lin pour remplacer la fibre de verre couramment utilisée. Un premier prototype de kayak a été lancé en 2006 : 30 % de lin comme renfort de matériaux composites et 70 % de résine polyester. Où en le projet ? “Nous avons sorti un canoë tout lin et résine à base d’amidon en biocomposite”, révèle la société Plasmor, porteur du projet Navécomat (2005-2011).
Des avancées permises grâce aux travaux du Pr Christophe Baley, de l’université de Bretagne Sud. “Nous avons développé un biocomposite entièrement biobasé (à base de fibres de lin et de polymère issu de l’amidon). Performant et supportant bien le vieillissement en milieu marin, il est aussi recyclable et biocompostable en fin de vie.”
Autre avantage : huit fois moins d’énergie consommée pour produire les fibres de lin par rapport aux fibres de verre. Mais la mise en œuvre de ces fibres augmentait le coût final de 30 %, “ce qui posait des problèmes à la vente”, indique la société Polyform.
Une nouvelle filière lin à développer
Quand les kayaks de mer biodégradables et accessibles inonderont-ils le marché ?
“Ce projet est réalisable, explique Christophe Baley. Il reste à le développer à l’échelle industrielle. Or il s’agit d’une innovation de rupture, qui mettra probablement dix ans à se mettre en place à l’échelle industrielle”. Toute la chaîne de production doit en effet être repensée pour fournir ce nouveau matériau composite : les moules pour les coques, les méthodes de transformation du lin, l’écoulement de la résine à travers les fibres, etc.
Car la fibre de lin utilisée pour les vêtements n’est pas la même que celle destinée aux kayaks. Un investissement lourd pour la filière des kayaks, mais qui se situe dans les cordes de l’industrie automobile, de plus en plus demandeuse de lin pour ses voitures, ses habitacles et certaines garnitures de coffres.
Encadré : Pourquoi du lin et pas du chanvre ?
Fibre de lin ou fibre de chanvre dans les kayaks de mer ? Pour faciliter l’extraction des fibres végétales des tiges de lin ou de chanvre, il est nécessaire de dégrader les pectines de la paroi végétale par une opération de rouissage. Ce rouissage peut être réalisé au sol, et donc en milieu naturel, pour le lin. En revanche, dans le cas du chanvre, le rouissage s’effectuait autrefois dans l’eau.
Cette technique n’est plus employée car trop impactante sur l’environnement. On préfère donc actuellement le lin, dont l’exploitation est a priori « propre ». En outre, la fibre de lin représente un excellent matériau pour fabriquer des produits légers. Et elle absorbe les vibrations !
Sources :
www.plasmor.fr
www.polyform.fr
www.bretagne-innovation.tm.fr