Quand on parle du lin (Linum usitatissimum), on ne soupçonne pas que ce terme recouvre en réalité 8 000 lignées de lin différentes. Des lignées qui seraient le résultat d’une très longue amitié.
En effet, l’homme utilise cette plante depuis environ 30 000 ans, soit au moins aussi longtemps que les céréales.
Conséquence : tous les lins qui existent sur la planète ont servi à des populations humaines un jour ou l’autre.
Le lin : une famille de nains et de géants !
« Le lin cultivé aurait beaucoup de mal à survivre sans l’homme, car il a été sélectionné pour répondre à certains besoins et ne pousse que sous certaines conditions. Néanmoins, il existe encore des lins sauvages, qui sont des cousins de notre lin cultivé, rappelle Jean-Paul Trouvé, sélectionneur chez la coopérative Terre de Lin. Les Linacées constituent un groupe assez original dans la flore. Elles disposent d’une grande variabilité : on trouve des lins nains ou géants, certains ont 7, 14 voire 32 chromosomes, etc.»
La diversité du lin subsiste grâce à l’homme
Les hommes veillent donc jalousement sur le lin, quelles que soient ses formes. Ils ont recensé entre 5 000 et 8 000 lignées de lin de par le monde et les conservent sous forme de graines.
« Certaines variétés n’ont pas de nom commercial, car elles n’ont jamais été vendues aux agriculteurs, révèle Jean-Paul Trouvé. Il s’agit de variétés de lin qui n’étaient que des étapes dans le travail des sélectionneurs ou issues de récoltes locales de populations anciennes. »
Est-il nécessaire de conserver ces graines de lin aussi précieusement ?
Lins textile et oléagineux : une frontière vouée à disparaître ?
Il existe deux grands types de lin : le lin oléagineux, dont les graines sont utilisées pour faire de l’huile de lin, et le lin textile dont les fibres sont exploitées pour fabriquer notamment des vêtements. Entre eux, il existe tout un continuum de variétés, dites mixtes, mais qui ne sont plus cultivées en France.
« Jusqu’à aujourd’hui, on préférait avoir deux catégories de lin distinctes et très performantes, produisant en grande quantité soit de l’huile soit des fibres, plutôt que des lins produisant les deux à la fois, mais en quantité moyenne. Cette vision des choses commence à évoluer : on s’intéresse de plus en plus aux lignées mixtes. »
La raison : des surfaces agricoles qui ne cessent de diminuer et une meilleure connaissance de la génétique qui laisse entrevoir la possible émergence d’un lin mixte aussi performant en termes de production d’huile que de fibres.
« On aboutira peut-être un jour à une même plante, pourvoyeuse de fibres et de graines riches en huile. Historiquement, on est parti du lin mixte pour se spécialiser, mais il n’est pas impossible qu’on fasse le chemin dans l’autre sens. Ma vision des choses a évolué en vingt ans de métier, conclut le sélectionneur, et je pense qu’il existe désormais des moyens de faire de vrais bons mixtes. »
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