Demandez ce que signifie teillage à une personne prise au hasard. Elle sera bien perplexe !
A l’origine, « teillage » vient du verbe « tiller », c’est-à-dire se débarrasser de la tille et détacher le filament du lin en brisant la chènevotte. En d’autres termes, la tille est l’écorce, le filament désigne la fibre et la chènevotte est le nom de la partie ligneuse du lin.
On comprend maintenant que le teillage a pour objectif de séparer les différents composants des tiges de lin… depuis des siècles.
Les écangueurs broyaient les tiges pour extraire les fibres de lin
Autrefois, les écangueurs (ou écoucheurs) broyaient les tiges de lin manuellement pour en extraire les fibres textiles. Ils utilisaient une écangue, outil composé de deux parties : une mâchoire et un châssis fixe avec une fente médiane. Il s’agissait de broyer chaque poignée de lin pour détacher les parties ligneuses des tiges.

Les moulins flamands pour battre plus rapidement les tiges de lin
Dans le Nord de la France, la conception de « moulins flamands » permet de gagner du temps et d’économiser de la fatigue. Ils sont composés d’une roue munie de pales qui viennent battre les tiges de lin à une vitesse élevée. Des moulins flamands étaient actionnés par un pédalier. Certains modèles furent montés sur des remorques, pour aller de ferme en ferme.
Le teillage hydraulique du lin
Au 19ème siècle, dans certaines régions, on commence à utiliser la force motrice de l’eau. En 1953, on comptait encore 53 moulins hydrauliques pour le teillage du lin en Bretagne. Des roues étaient équipées de 10 spatules en bois de frêne poli pour battre des poignées de lin introduites dans des échancrures verticales.
La roue à aubes fournissait l’énergie pour la rotation d’un ensemble de roues à spatules et plusieurs postes de travail fonctionnaient simultanément. Différentes spatules étaient utilisées pour dégrossir, puis affiner la séparation des fibres.
Le teillage industriel du lin
Aujourd’hui, le teillage s’est industrialisé mais reste un ensemble d’opérations purement mécaniques.
Les balles de lin sont d’abord déroulées sur un tapis. Les tiges sont étalées parallèlement et bien réparties grâce à des disques dentés. Puis les pailles sont broyées dans des cylindres cannelés, dont les dentures sont de plus en plus fines. Les petits fragments ligneux appelés anas sont aspirés. Les fibres sont nettoyées par des tambours qui frottent les tiges à 200 tours/mn. Les fibres moins résistantes donnent des fibres courtes appelées étoupes. Chaque opération s’exerce sur la totalité de la tige de lin.
A la fin du teillage, des échantillons de fibres longues sont conservés pour chaque lot de lin, pour déterminer la qualité du lin produit, et donc le prix qui sera payé à l’agriculteur. La qualité, c’est l’objectif essentiel de toute la filière lin !