En été, dans le Nord-Ouest de la France, on peut observer des plantes couchées en bandes régulières dans les champs. Bizarre ! Est-ce du foin qui sèche ?
Si vous demandez à un agriculteur, il va vous préciser qu’il s’agit de lin en train de rouir !
Pour comprendre, voici quelques explications.
Le rouissage du lin au fil des siècles
Le rouissage est une opération naturelle qui permet de faciliter la séparation des fibres de lin.
Pendant des siècles, le rouissage du lin se faisait dans l’eau.
Du temps de l’Egypte ancienne, le lin en botte était plongé dans des mares d’eaux stagnantes.
En Bretagne, on peut encore voir de nombreux bassins en pierre, traversés par des petits cours d’eau, et dans lesquels on plongeait le lin. On les appelle des routoirs !
Dans le Nord de la France, la vallée de la Lys est une très ancienne zone de culture de lin. A la récolte, on plongeait le lin dans la rivière pour le rouissage.
Mais les acides organiques et les fermentations sont très toxiques pour la vie aquatique et provoquent des odeurs nauséabondes. Le rouissage a donc lieu maintenant sur le champ sans provoquer d’odeurs.

Le rouissage du lin au champ
A maturité, les agriculteurs arrachent le lin pour garder toutes les fibres contenues de la tête au pied de la plante et le couchent en bandes sur le sol. C’est ce que l’on appelle des andains dans lesquels les tiges doivent être bien alignées et pas trop tassées pour éviter les moisissures. Pour bien rouir tout le lin, les liniculteurs retournent les andains. Les pailles qui étaient contre terre sont alors exposées vers le ciel et inversement. Au total, le rouissage dure plusieurs semaines.
Que se passe t-il pendant le rouissage du lin ?
Des études très récentes ont permis de découvrir la diversité et la richesse microbiennes du sol intervenant dans le rouissage. Les scientifiques ont ainsi identifié 215 espèces de champignons et 95 espèces de bactéries qui attaquent et éliminent la pectose, ciment naturel qui lie les faisceaux de fibres au reste de la tige, ce qui facilite ensuite l’extraction des fibres lors du teillage.
Le rôle de l’agriculteur est primordial. Si le rouissage est insuffisant, les fibres se détacheront difficilement. Si le rouissage n’est pas homogène ou si le rouissage est trop prolongé, la qualité des fibres sera dégradée. Le rouissage est donc une opération naturelle, mais complexe et délicate.
Le liniculteur est comme un chef cuisinier : il doit posséder une grande expérience et être très vigilant pour obtenir un produit de la meilleure qualité possible.