Le lin, ça chauffe
Hervé et Odile Cannesson sont agriculteurs à Nuncq-Hautecôte dans le Pas-de-Calais. Très engagés dans le développement durable, nous les avons rencontrés pour connaître les actions qu’ils mettent en œuvre dans ce domaine.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est pour vous le développement durable ?
Nous voulons produire des énergies durables, donc renouvelables.
Ainsi, nous avons installé 1200 m2 de panneaux photovoltaïques sur un hangar de l’exploitation agricole. L’électricité produite est injectée dans le réseau ERDF au niveau du village.
Par ailleurs, nous avons des panneaux solaires thermiques qui assurent notre production d’eau chaude.
Enfin, notre chaudière polycombustible permet le chauffage de notre habitation d’environ 200 m2.
Pour alimenter votre chaudière, utilisez-vous des produits de votre exploitation ?
Oui, totalement. Nous utilisons ainsi des plaquettes de bois issues de l’élagage de nos haies, avec l’utilisation d’un broyeur. Nous avons également sur l’exploitation 1 hectare 50 de miscanthus. Cette culture pérenne permet une récolte des tiges 1 fois par an, au début du printemps, qui sont broyées avec une ensileuse à maïs.
Vous cultivez du lin. Cette culture peut-elle contribuer à la production d’énergie ?
Tout à fait. Lors de l’opération de teillage du lin textile, la partie ligneuse appelée anas est récupérée. Actuellement, notre coopérative exporte les anas en Belgique, pour la production de panneaux.
Mais pour des utilisations en chaudière, nous menons des essais avec la Chambre d’Agriculture. Il s’agit de tester différents mélanges composés de miscanthus, de déchets de triage de graines de colza, et d’anas de lin.
Une chaudière polycombustible est-elle accessible à tous ?
Le coût de ce type de chaudière limite son utilisation aux exploitations agricoles, aux équipements industriels et aux collectivités.
Mais les particuliers se tournent de plus en plus vers des chaudières à granulés.
Pour les produits à faible densité comme les anas de lin, il faut bien sûr pouvoir les condenser. Cela a un coût, mais permettrait de réduire les volumes, donc les transports, et une valorisation locale à la portée de tous.
Merci Hervé et Odile pour votre accueil et votre enthousiasme.
Est-ce que vous communiquez sur votre démarche de développement durable ?
Oui, nous recevons des visiteurs de l’enseignement agricole, de l’enseignement général et aussi des groupes d’agriculteurs.
L’ancienne écurie rénovée nous sert de salle de réunion. Cela nous permet de rappeler qu’avant le pétrole, les chevaux étaient la principale source d’énergie … renouvelable, mais qu’il fallait aussi consacrer des surfaces à leur nourriture !