Il suffit de passer un été en Bretagne pour comprendre que le lin et le chanvre sont profondément ancrés dans son histoire. En effet, ces deux cultures et leurs transformations ont fait vivre pendant plusieurs siècles une population importante, favorisé les échanges commerciaux et enrichi le patrimoine.
Un riche patrimoine autour du lin
Dans le Léon, au Nord-Finistère, on peut toujours découvrir des maisons buanderies (ou kanndis) qui permettaient de blanchir les écheveaux de fils de lin. Il s’agissait de petites bâtisses en matériaux locaux, schistes ou granites. Elles comportaient un bassin alimenté en eau par un ruisseau et destiné à rincer le fil blanchi. Le blanchiment du fil de lin s’opérait avec de la cendre de hêtre, dans une cuve alimentée par de l’eau chauffée à la cheminée.
Environ 50 kanndis ont été retrouvés dans le pays de Landerneau- Daoulas et certains font l’objet d’un projet de restauration.

Dans les Côtes d’Armor, de nombreux villages recèlent encore des routoirs, bassins en pierre où l’on faisait rouir le lin. Ils étaient sur le trajet d’un cours d’eau et le rouissage avait lieu à ciel ouvert. Des pierres posées sur des planches permettaient de maintenir le lin immergé. Une quinzaine de jours suffisaient pour séparer les éléments fibreux et ligneux de la plante par dissolution de la pectine.
Au 19ème siècle, près de 3000 routoirs ont été dénombrés dans la région de Lannion. Depuis 2012, l’office de tourisme de la presqu’île de Lézardrieux propose des randonnées pédestres sur une boucle de 21 routoirs à lin.
Les musées présentent également de nombreux objets liés au lin: peignes à égrener le lin, brayes à lin pour broyer manuellement les tiges, broyeurs mécaniques ou moulins flamands, rouets, métiers à tisser, presses à lin, armoires à deux battants pour conserver les biens précieux de la maison dont certaines pièces de lin.
Un patrimoine bâti est toujours présent et témoigne d’un passé actif. On peut ainsi voir dans le Trégor des moulins à teiller le long des principaux cours d’eau: le Léguer, le Jaudy, le Trieux…
Enfin, le commerce des toiles a enrichi des négociants qui ont construit de belles demeures et contribué à la richesse du patrimoine religieux: chapelles, églises, enclos paroissiaux.
Un réseau d’acteurs régionaux pour préparer l’avenir avec le lin
“Quand on parle du lin, les gens ont les yeux qui brillent” déclare Andrée Le Gall-Sanquer, Présidente de l’association “Lin et Chanvre en Bretagne”. “Le lin et le chanvre font partie de notre patrimoine, facteur essentiel pour notre région. Pour l’avenir, il ne suffit pas de parler de développement durable. Il faut le mettre en pratique. Le lin et le chanvre sont deux cultures qui ont un bel avenir pour peu que l’on valorise toute la plante. Les chercheurs ont démontré les qualités exceptionnelles de ces plantes. Notre association a entrepris un inventaire de notre patrimoine lié au lin et au chanvre. Nous développons également un réseau d’acteurs pour promouvoir toutes les initiatives culturelles, économiques et scientifiques. Nous intégrons dans nos réflexions toutes les applications passées, actuelles et futures du lin et du chanvre”.
Pour en savoir plus: www.linchanvrebretagne.org