Pas besoin d’être magicien pour se chauffer l’hiver sans bois, sans fuel et sans gaz.
Une solution toute simple : utiliser des anas de lin !
En effet, ces déchets, résultats de l’opération qui consiste à séparer la fibre de lin du reste de la plante, peuvent être valorisés à des fins énergétiques.
Le coût de combustion du lin est deux fois plus faible que celui du gaz naturel
Des chaudières à biomasse, alimentées par une vis sans fin, brûlent les anas.
Leur pouvoir calorique est comparable à celui du bois sec.
« Outre l’intérêt environnemental de cette ressource d’énergie, son intérêt économique n’est pas négligeable, puisque le coût du kilowattheure produit par combustion d’anas de lin est environ deux fois plus faible que celui issu de la combustion du gaz naturel », indiquait Jean-Pierre Decool, député du Nord, lors de la Séance des Questions au Gouvernement en avril 2008.
Le Conseil canadien du lin rapporte que la paille de lin, brûlée telle quelle, présente deux avantages importants sur le charbon gras.
« Elle est moins chère et neutre en carbone, étant donné que le carbone qui est émané lorsqu’on brûle de la paille de lin est utilisé au cours de la saison de croissance par la culture de l’année suivante. » Il estime ainsi que des systèmes de brûleurs à grande échelle pourraient faire du lin une source précieuse de carburant pour les grandes structures qui utilisent beaucoup de chaleur, telles que les serres, les installations de déshydratation de luzerne, les porcheries, les mines de potasse et les hôpitaux.
Des applications couronnées de succès
En France, on peut citer l’exemple du lycée professionnel l’Émulation Dieppoise, spécialisé dans les métiers de l’automobile. Bâti en 1877, il a été reconstruit à neuf en 2003 selon la démarche de Haute Qualité Environnementale (HQE).
Il bénéficie depuis d’une chaudière biomasse alimentée par des anas de lin provenant des cultures régionales.
Elle assure 98 % des besoins de chauffage des 13 000 m² de bâtiments et est alimentée à partir d’un silo de stockage enterré de 140 m3 assurant une autonomie de deux à trois jours à pleine puissance.
En 2009, les besoins thermiques, estimés à 1200 MWh utiles par an, étaient couverts par 300 à 350 tonnes d’anas.
Résultats : une économie d’énergie fossile de 125 tonnes équivalent pétrole par an et une réduction de rejets dans l’atmosphère de 290 tonnes de CO2 par an.
Autre mise en application : la chaufferie au lin de Grandvilliers, située dans l’enceinte de la coopérative Lin 2000, a annoncé en 2010 avoir passé la barre des 4 000 MW/h produits, la moitié de son potentiel de production annuelle.
Et la réduction de la facture de chauffage atteignait déjà 16 % !
Un granulat de lin vu au microscope
Les granulats de lin représentent un produit 100 % naturel.
Ils mesurent 6 à 10 mm de diamètre pour une longueur moyenne de 15 mm. Leur densité est de 600 kg/m3. Leur pouvoir calorifique est élevé (4,4 MWh/t) et leur taux d’humidité faible (de l’ordre de 10 %).
Ils sont comprimés sous haute pression sans adhésifs ou excipients. Cette ressource pourrait s’avérer abondante : les anas de lin ne représentent pas moins de 45 % du poids total du lin textile brut, avant teillage !
Ils représentent donc une part importante de la rémunération des agriculteurs.
En 2003, la production d’anas était estimée à 127 000 tonnes rien qu’en Haute-Normandie.
Sources :