Avez-vous déjà consulté des archives, feuilleté des vieux livres ?
Souvent, ils sont marqués par le temps : mouillures, moisissures, déchirures, taches, bords cassants ou manquants… Est-il possible de réparer de tels dégâts ?
Un examen approfondi avant la restauration de livres
Au Moulin de Kéréon, dans le Finistère, nous avons rencontré Dominique Doyard, en pleine activité de restauration de vieux livres. Elle est sollicitée par des particuliers, des imprimeurs, des municipalités qui souhaitent restaurer des vieux livres, des gravures ou des registres.
Avant toute action, Dominique fait un état des lieux des documents, de leur ancienneté, de leur composition, des dégradations subies et des restaurations possibles.
Quelques règles simples sont à respecter : garder la matière originale du document, utiliser des produits neutres, pratiquer une restauration « réversible ».

Le grand nettoyage
Dominique note en permanence tous les détails concernant le document. Ainsi, pour un livre, elle enregistre le schéma exact de la couture qu’il faudra totalement respecter lors du remontage. Il faut dépoussiérer, nettoyer le cuir des couvertures, les papiers atteints de mouillures et de moisissures.
Et là, surprise ! Dominique trempe les pages imprimées d’ouvrages anciens dans de l’eau chaude : « Les encres d’imprimerie sont faites avec des pigments, des suies et du suif de mouton, c’est-à-dire des matières grasses qui font que les encres ne craignent pas l’eau ».
Le papier ainsi mouillé doit être retiré avec de grandes précautions, puis séché sur des grilles.
Une greffe de papier en lin et chanvre pour une restauration parfaite
Lorsque des morceaux manquent à certaines pages, Dominique Doyard doit faire une greffe de papier. Elle doit trouver un papier identique. Elle utilise des feuilles de papier de lin et de chanvre qui composent déjà les pages des ouvrages anciens. Pour préparer la greffe, elle doit enlever les parties trop fragiles, et dessiner les contours de la zone à restaurer pour adapter le greffon de papier.
Pour que la greffe prenne, elle ponce les bords du papier à restaurer et déchire les bords de la greffe de papier à la main pour faire ressortir les fibres. C’est ainsi que les fibres peuvent se croiser, et que les papiers seront étroitement unis pour ne faire qu’un.
Il faut également veiller à obtenir une seule épaisseur uniforme de papier et poncer les deux faces pour retrouver l’aspect d’origine.
Puis commence le travail minutieux de remontage des cahiers, de couture et d’assemblage avec la couverture… avec à la fin une grande satisfaction.
« Redonner une deuxième vie à ces livres, c’est participer au patrimoine »
Sources : www.moulin-de-kereon.net