A l’heure actuelle, la biodiversité du lin s’inscrit tout autant dans la préservation des variétés existantes que dans la création de nouvelles variétés.
Pourquoi ne se satisferait-on pas uniquement de créer ? Parce qu’en laissant disparaître certaines variétés, on perdrait de futures solutions biologiques.
La biodiversité du lin, fournisseur de solutions
Prenons un exemple qui illustre bien l’utilité de conserver toute la biodiversité du lin.
En 2012, le problème des attaques du lin textile par l’oïdium, un champignon qui donne un aspect farineux à la surface des feuilles et des tiges, a été résolu par les sélectionneurs.
« Nous avons puisé la solution dans le lin oléagineux, explique Jean-Paul Trouvé, de la coopérative Terre de Lin. Ce type de lin résiste naturellement à l’oïdium. Comme lin oléagineux et lin textile appartiennent à la même espèce, leur croisement s’est fait sans problème. Cela a permis d’obtenir une toute nouvelle variété de lin textile résistante au champignon. Désormais, il ne sera plus nécessaire de traiter le lin textile pour cette maladie. »
A chaque besoin sa variété de lin
Toutefois, la diversité déjà existante ne répond jamais totalement aux besoins du sélectionneur, dont le métier consiste à intervenir pour trouver les critères qui répondront aux besoins des différents utilisateurs.
Qui sont ces utilisateurs ?
Les agriculteurs, qui cultivent la plante, et les industriels, qui la transforment.
Les premiers choisissent leur variété de lin sur des critères de rendement, de résistance aux maladies, aux intempéries (= résistance à la verse) et/ou à la sécheresse, tandis que les seconds recherchent des fibres fines et résistantes.
« On se trouve ici au cœur de la complexité du métier de sélectionneur, témoigne Jean-Paul Trouvé. Il s’agit de combiner tous ces critères en même temps. Et comme la nature évolue, ainsi que les conditions climatiques et les parasites, il s’agit d’un cycle sans fin. Il faut sans cesse amener des résistances nouvelles et donc poursuivre le travail de création variétale. »
Un agriculteur qui a besoin de la biodiversité du lin…
Concrètement, comment l’agriculteur exploite-t-il la diversité des variétés de lin ?
« Il choisit le type de lin qu’il va cultiver en fonction du type de sol de son exploitation. Si une maladie donnée attaque ses cultures tous les ans, l’exploitant va opter pour une variété résistante. Si le sol est pauvre en matières organiques, il va préférer une variété capable de s’adapter à ces conditions spécifiques. »
Dans le monde du lin, « biodiversité » rime donc avec « variété ».
« Il existe environ 25 variétés de lins textile et oléagineux inscrites au Catalogue français. Deux d’entre elles couvrent pratiquement 50 % du territoire textile. Mais on dispose encore d’un potentiel de progression, si on prend en compte de nouveaux facteurs, comme la résistance mécanique des fibres recherchée dans les biomatériaux. »
… mais qui reste fidèle à une variété !
On pourrait se demander si l’agriculteur change de variété de lin tous les ans ou cultive amoureusement la même, chaque année. Il s’avère qu’il est plutôt du genre fidèle !
« Le lin est une culture spécifique, qui demande une bonne connaissance, expose le sélectionneur. Une fois que l’agriculteur connaît les caractéristiques d’une variété donnée, il est plus facile pour lui de continuer à la cultiver. »
En général, une variété reste cinq à six ans sur le marché, avant d’être remplacée par une nouvelle plus performante. Mais certaines se maintiennent jusqu’à quinze ans, quand elles constituent un bon compromis entre plusieurs caractères intéressants.
Chaque année, environ cinq variétés de lins textile et oléagineux sont créées.
« Un chiffre peu élevé par rapport au maïs mais qui, rapporté aux surfaces cultivées, est largement suffisant, estime Jean-Paul Trouvé. Dans le cas du lin, on ne recherche pas la biodiversité pour elle-même, mais pour répondre aux besoins des utilisateurs. »
En savoir plus sur comment exploiter la biodiversité.