Les nappes en lin, un atout décoratif
En France, 15 % du lin produit se retrouve dans le linge de maison. On le connaissait dans les draps et les rideaux, mais le lin se cache également… sous les assiettes ! En effet, les nappes en lin connaissent un succès grandissant.
En cause : « Les consommateurs désirent que le lin réponde à des usages nouveaux, révèle Jean-Luc Colonna d’Istria, directeur du magasin de décoration et d’intérieur « Merci ».
Et la façon dont on reçoit aujourd’hui n’est plus la même qu’il y a vingt ans. On peut donc décider d’inviter à la dernière minute : on jette une pièce de lin sur la table et, tout de suite, ça change tout. »
Un toucher plus agréable de la nappe de lin
A l’entrée dans ce troisième millénaire, les nappes en lin sont de nouveau largement utilisées.
Pourquoi ? Parce que de nouveaux traitements permettent d’assouplir la fibre de lin et notamment le « lin lavé », une des innovations qui a le plus de succès.
Résultat : un toucher plus agréable de la nappe en lin.
« Le lin a quelque chose de différent dans le toucher, constate ainsi Mario Lefranc, de Lefranc Ferrant, société de prêt-à-porter. C’est cela qui en fait une matière d’excellence. »
Sans compter sa facilité d’entretien : le lin lavé ne se repasse pas. Les nappes en lin peuvent aussi être lavées à haute température : elles ne se déforment pas et ne peluchent pas. En effet, les fibres du lin sont bien plus longues que celles de la laine ou du coton. Elles peuvent donc être frottées sans risque que de petites fibres se détachent. Et elles sont également extrêmement résistantes mécaniquement, ce qui explique que les nappes conservent bien leur forme dans le temps.
Quant aux taches, elles partent plutôt bien, même s’il vaut mieux agir rapidement.
« Les coloris grands teints supportent bien les 60°C en machine. Et plus on lave le linge de maison en lin, plus il est souple et beau ! », souligne Marie Demaegdt, responsable du pôle Textile innovation textile de la Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC).
Des plis recherchés !
Et qu’en est-il des plis ?
« Le lin a tendance à prendre les plis, car ses fibres ne sont pas élastiques, remarque-t-elle. C’est le corollaire de sa solidité. » Néanmoins, les lins de bonne qualité se froissent, certes, mais sans cet aspect fripé, un peu bas de gamme. Un aspect subtilement froissé, patiné, voire usé, qui devient très recherché en arts décoratifs intérieurs. De plus en plus, on considère que la matière est belle pour elle-même.
« Le lin a réussi à plaire aussi aux jeunes générations, illustre Angelo Uslenghi, spécialiste de mode chez Moda In. On le montrait avant comme le matériau de la décoration conformiste, de bon goût. Et non pas comme quelque chose qui relèverait de la transgression. Mais nous pouvons agir d’un point de vue technologique pour le détourner de son usage habituel ou de l’image qu’il a traditionnellement. »
Le lin est la fibre qui permet une teinture plus écologique
Enfin, le lin est la fibre naturelle qui prend le mieux la couleur. C’est-à-dire que pour teindre une nappe en lin, seule une faible dose de pigments sera nécessaire.
Un atout, quand on s’intéresse aux impacts des procédés de fabrication sur l’environnement. Marie Demaegdt rappelle ainsi qu’il existe différents niveaux d’exigence pour la teinture : « Pour ne citer qu’un exemple, le label Oeko-Tex d’origine allemande garantit l’absence de substance toxique dans les produits. Et on constate de nombreux développements en chimie pour créer des teintures réactives à faible impact environnemental, souvent agréées pour les produits labellisés bio. »
La CELC et plusieurs entreprises de la filière axent actuellement certains de leurs programmes de recherche sur le développement de finissages qui accroissent les performances des produits en lin. « Nous avons développé des tissus en lin déperlant, très utile pour les nappes intérieures comme extérieures. »